Mon passé recomposé

von: René Specker

epubli, 2019

ISBN: 9783748515289 , 105 Seiten

13. Auflage

Format: ePUB

Kopierschutz: frei

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Preis: 5,99 EUR

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Mon passé recomposé


 

Prologue


Cette biographie, j’ai commencé à l’écrire il y a bien longtemps, alors que mon fils était encore en bas âge. En ce temps-là, je l’avais rédigée en m’imaginant que ma situation allait se modifier. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce ne fut pas le cas. Ma vie est restée telle quelle, alors je continue l’écriture, en solitaire. À l’époque, il était important que les enfants soient élevés par leurs parents et qu’ils profitent d’une vraie vie de famille. Malheureusement, je n’ai pas connu ce bonheur. À cause des séquelles de mon accident, ma famille a souhaité à tout prix élever mon fils et me laisser de côté. Je n’ai donc pas eu cette chance de donner l’essentiel à mon enfant, alors que – je le vois bien – les enfants vivent habituellement avec leurs parents !

Nous nous retrouvions parfois en famille, mais une fois rentré chez moi, je me rendais compte que ma vie était chaotique. D’ailleurs, nous connaissions davantage de bas que de hauts !

Années 1980, 1990, 2000… les années passent, et un beau jour, je retrouve, au fond de mon tiroir, des manuscrits rédigés comme des lettres, et qui vont constituer ma biographie. Je ne pensais pas que je reprendrais ces textes pour les faire publier. Bien évidemment, je n’avais pas écrit ces pages pour qu’elles soient éditées. Non, seulement pour « avoir un plus » sur ma personne. Pour apprendre à mieux me connaitre. Mais une chose est sûre, j’écris depuis longtemps.

Cette biographie est sincère et véritable à 100 %. Elle raconte ma vraie vie, elle fait partie de moi, elle me tient à cœur. Je la reprends en main début 2018, des années après l’avoir commencée. Je corrige l’orthographe de ma jeunesse et, en même temps, je me dis que si j’avais à revivre le déroulement de ma vie, j’agirais autrement.

À l’époque, j’avais imaginé bien des projets, mais ceux-ci sont restés en veilleuse, car mon handicap de « fermer ma bouche au lieu de l’ouvrir quand il le faut » m’a joué un certain nombre de tours dans ma jeune vie. Toutefois, j’ai pris la peine de les mettre sur papier, sans en dire un mot à qui que ce soit. C’est comme cela que je me suis pris en main et que j’ai assumé mes responsabilités. Ainsi, peu à peu, j’ai remonté la pente en gardant continuellement les yeux fixés sur mon hobby, l’écriture. Cette « barrière » que j’avais cru impossible à dépasser auparavant, je l’ai franchie.

Dans ce livre de souvenirs, je souhaiterais raconter que la curiosité à vouloir savoir plus que les autres est un vilain défaut. En effet, j’ai toujours eu hâte de découvrir et de voir plus loin que le bout de mon nez. Et les conseils de mon amie Gabrielle, je les ai oubliés durant des années. Dans ma jeunesse, je me disais : « J’ai envie de connaitre les quartiers pauvres de la ville, mais aussi les quartiers chics. »

C’est à ce moment-là qu’a commencé ma dégringolade, car je connaissais bien des dépendances. Au fur et à mesure du temps qui passait, mon laisser-aller m’a conduit là où je n’aurais jamais dû mettre les pieds. J’ai fait fausse route, je me suis enfoncé et je savais déjà qu’il serait difficile de freiner un jour. Mais, petit à petit, j’ai réussi à passer de l’échec à la renaissance.

Je précise que dans mon autobiographie, j’ai ajouté des personnages qui restent du domaine de la fiction, comme celui de Gabrielle. N’empêche que mon écrit est un vrai récit de vie, que l’histoire de ce roman est véridique et qu’il relate bel et bien des moments de ma vie. Bien que Gabrielle soit une personne fictive, mon panneau d’indication de vouloir m’accrocher à une étoile est bien réel. En changeant de direction, par l’entraînement, par un long travail sur moi-même, j’ai écrit des pages entières sur ma machine à écrire, retraçant les événements passés et présents. Et aujourd’hui, je les présente sur le papier.

D’autres joies, d’autres connaissances, d’au-tres portes se sont offertes à moi, notamment la lecture qui a permis à mon esprit de s’ouvrir davantage. Mais, de nouveau, faute de concentration, je me suis emballé trop rapidement sur mes projets d’avenir. Alors, je me suis dit qu’il fallait absolument que je revienne sur terre.

Aujourd’hui, bien des années ont passé. Quand je repense à tout cela, je constate à quel point l’ignorance et le laisser-aller peuvent conduire les jeunes sur un chemin erroné.

Remontons donc ensemble, amis lecteurs, le courant de ma vie depuis mon enfance jusqu’à celle de mon propre fils, Frédéric, et poursuivons avec les années qui ont suivi et ont composé ma vie. Années de bonheur ou de malheur ? À vous de choisir, chers lecteurs.

 

 

 

Mes premières frasques


En 1964, tout en me promenant dans mon village, un bourg de mille habitants, je regarde les fermiers faire sortir les vaches de la cour pour les emmener sur la colline. Une fois sur la route, celles-ci laissent leurs bouses salir le chemin. À cette époque, les routes sont étroites, et les voitures, on peut les compter sur les doigts de la main. Je croise deux à trois tracteurs qui laissent leur boue de terre sur la chaussée.

Le jeune garçon que je suis va chercher tous les soirs son lait frais chez le fermier. Je sens l’odeur des vaches en ouvrant la porte de l’étable et aperçois le paysan qui trait ses bêtes. Comme cela ne me plait pas vraiment, moi qui cherche à en savoir davantage sur la vie, je me dis :

— Il doit bien y avoir sur terre autre chose que cette campagne ! Peut-être qu’en allant dans une ville, j’y verrais plus clair ?

Alors, je décide d’en parler à ma famille en espérant que d’autres réalités existent. Mon père, qui m’adore, me répond :

Oui, il y a ”autre chose” que cette vie campagnarde. L’autobus qui passe dans notre village chaque fin de semaine peut t’emmener à la ville. Tu as treize ans maintenant et tu peux bien t’offrir une petite sortie. Seulement, il ne faut pas oublier de rentrer le soir et pour cela, tu devras acheter un ticket retour. Tu peux en parler au chauffeur de car qui te dira quoi faire. Veux-tu y aller ce dimanche ? Qu’en penses-tu ?

Arrive le dimanche matin où j’embrasse mes parents, puis me dirige vers l’arrêt du bus.

— Que mes parents sont gentils de me laisser aller seul vers l’inconnu ! Jetons un dernier coup d’œil dans mon sac : ai-je pris mon livre ? Oui. Ah ! Voilà mon bus.

Le chauffeur appuie sur le bouton qui ouvre la porte. À peine suis-je monté dans le bus que le conducteur me demande :

— On fait une balade, jeune homme ? Et où voulez-vous aller ?
— Je voudrais un billet aller-retour, s’il vous plait, Monsieur. À quelle heure est le retour ?
— À seize heures ou à dix-huit heures, répond le chauffeur. Voilà le billet aller-retour, jeune homme. Je vous préviendrai quand nous serons arrivés.

Assis au fond du bus, je jette un coup d’œil en arrière et regarde ma maison s’éloigner. Puis, je me retourne et commence ma lecture. De temps à autre, je lève la tête, admire le paysage et me replonge dans mon livre (il faut dire qu’il s’agit davantage de dessins que de texte). Parfois, l’envie me gagne de vérifier sur ma montre si les trente minutes sont passées. Encore dix minutes…ce n’est pas trop tôt ! Mais, je préfère demander au chauffeur :

— On est arrivé, Monsieur ?
— Encore quelques kilomètres.

À travers les fenêtres de l’autocar, je regarde les beaux costumes, les lumières des vitrines, les rails des trains qui se croisent et dont je perçois les sifflements. Pas de tracteurs ni de vaches à travers la route, tout est net, propre. Le chauffeur m’interrompt dans son observation et me prévient :

— Terminus. N’oubliez pas ! Ce soir, à seize heures, ici.

Une fois descendu, je commence ma balade dans la ville et observe avec attention les rues, les passants, tout ce qui est nouveau pour moi. J’aperçois des amoureux en train de s’embrasser, et cette vision, pour moi qui viens de la campagne, me fait immédiatement réagir.

— Si ce n’est pas honteux, devant tous ! Jamais je ne ferai cela. Mais, c’est quoi ce magasin ? Il y a beaucoup de livres. L’un après l’autre, sur les rayonnages. Et les titres ! C’est beau de pouvoir s’instruire. Tiens, de nouveau ils s’embrassent. Peut-être est-ce normal ? Après tout, je suis dans une ville. Ah ! Voilà un café.

À peine entré dans ce lieu, je réalise qu’aucune table n’est disponible. Elles sont toutes occupées par des jeunes de mon âge. Mais, tant pis, je m’assieds tout de même à leur table.

— La chaise est encore libre ? je leur demande.
...