Itinéraire d'un regard dans le miroir

Itinéraire d'un regard dans le miroir

von: Claudia Bidilou-Kiziboukou

novum pro Verlag, 2021

ISBN: 9783991073529 , 120 Seiten

Format: ePUB

Kopierschutz: Wasserzeichen

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Preis: 8,99 EUR

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Itinéraire d'un regard dans le miroir


 

Deuxième partie


Vie religieuse


Un appel dans l’enfance


Comme beaucoup d’enfants de son âge issus de famille chrétienne, Théthé avait suivi les cours de catéchisme pour se préparer au baptême et à la première communion.

Un fait l’avait sans doute marqué sur ce parcours catéchétique. Elle fit quatre ans au lieu de trois ans. La dernière année de sa première communion n’avait pas été validée parce qu’elle avait été recalée. Elle avait dû reprendre une année complète de préparation au baptême. Il n’y avait pas énormément d’enfants qui redoublaient les classes. C’était une situation exceptionnelle que seule Théthé avait pu connaître. L’assiduité n’avait pas suffi. Il fallait aussi travailler pour apprendre les fondamentaux et après s’engager librement. Sa moyenne générale n’était pas fameuse ; voilà pourquoi le curé de la paroisse avait décidé à la dernière minute, c’est-à-dire à quinze jours de la cérémonie, qu’elle n’était pas prête à avoir ses sacrements de baptême et première communion.

Ce fut un déchirement ; la fureur avait gagné son cœur. Elle ne comprit pas pourquoi une telle décision, cela lui paraissait injuste à ses yeux. Pourquoi moi ? se demanda-t-elle.

Sa maman était tellement fière pour sa fille, qu’elles avaient, avec l’aide de sa future marraine, préparé la robe du baptême et la cérémonie.

Cette mauvaise nouvelle avait fait l’effet d’une bombe dans sa famille et autour de ses amis, car Théthé avait distribué bon nombre de cartes d’invitation.

Elle avait pleuré toutes les larmes de ses yeux. Heureusement sa maman restait à ses côtés pour la consoler et la rassurer.

L’initiative et la motivation de sa maman ainsi que de sa famille lui avaient donné la possibilité de reprendre à la rentrée ses cours de catéchisme. Cette fois-ci, c’était du sérieux, bien décidée qu’elle était à finir son année en beauté.

Théthé se fit baptiser au mois de juin 1984 et avait reçu, le même jour sa première, communion. La cérémonie s’était soldée par une fête entourée de sa famille et ses amis. Cette journée demeura inoubliable.

Pour être à jour dans les sacrements, il fallait continuer ses années de catéchisme qui devaient se résumer à six. Il restait deux ans à faire, une pour la confirmation et la dernière pour la profession de foi ou le scapulaire. Cette dernière n’était pas obligatoire.

En 1985, à l’église Saint-Pierre-Apôtre de Pointe-Noire au Congo, c’était l’année de la confirmation. Théthé se préparait avec acharnement à cette étape parce qu’elle ne voulait pas revivre le même échec que l’année précédente. Le jour « J », la messe fut célébrée par Monseigneur Anatole Milandou. Pendant l’offertoire, l’évêque avait demandé à chaque confirmant de faire un vœu. Elle se souvient qu’elle avait demandé au Seigneur de lui accorder la grâce de devenir religieuse afin de se rendre au service de l’humanité. C’était une prière et une vraie prière faite avec conviction et désir.

Elle avait 11 ans. Les années suivantes étaient vécues dans l’assiduité à la prière, l’engagement à la paroisse et dans le quartier. Elle gérait un groupe de prière des jeunes du quartier.

« Seigneur, fais que je devienne religieuse », l’avait-elle simplement exprimé. Et, comme pour tout le monde, à la sortie de cette cérémonie, tout s’était envolé. Ce qui était important à ce moment, c’était de l’avoir dit avec conviction et foi, en toute simplicité et en toute évidence. Même si elle avait oublié, elle savait que le vœu avait été formalisé, qu’elle avait été interpelée par cette demande de l’évêque.

Au fil du temps, sa pensée s’était concrétisée.

Aujourd’hui, elle peut le dire : la vie se construit sur la base de nos pensées.

Ce dessein de devenir religieuse, sans le savoir, envahit petit à petit sa vie. Déjà, à l’adolescence, elle s’obligeait à être un modèle dans son entourage, elle avait envie de bien faire.

Elle avait simplement 13 ans lorsqu’elle éprouva le désir de suivre les pas de Jésus. Après le catéchisme, les seules distractions qu’elle pouvait s’autoriser, c’était d’aller à la prière.

Elle faisait partie des communautés de base du renouveau charismatique.

Elle avait la responsabilité des jeunes de son quartier ; ils se retrouvaient deux fois dans la semaine pour méditer la parole de Dieu, louer et prier.

Elle était chargée d’animer la prière et de commenter les textes.

Quelle merveille de voir qu’à cet âge on avait déjà le souci de prendre des résolutions, pour mieux vivre la vie en famille, dans le quartier ; bref, être des témoins de l’évangile !

C’était avec un cœur naïf, saint et libre que chacun, du fond de son âme, exprimait sa prière.

Le projet était porteur, beaucoup d’enfants dans le quartier avaient accepté de suivre des cours de catéchisme et de se faire baptiser par la suite. Théthé avait demandé à son père un espace dans la maison qui devait être destiné aux rencontres de prière. Elle invitait aussi les groupes des autres quartiers pour se joindre au sien une fois par mois.

Elle était marquée par la présence du Seigneur. À 13 ans elle avait appris une chose : « Crois et tu verras la gloire de Dieu », car le Seigneur avait fait preuve d’écoute, et de présence réelle dans le cœur de cette communauté de base pour les jeunes.

Ce choix de vie avait désormais apporté à Théthé une autre façon de vivre différente des adolescents de son âge. Elle devait montrer l’exemple à tous ceux qui la suivaient et aussi aux membres de sa famille. Pour cela, elle s’obligeait à être une fille serviable, respectueuse, disponible, droite et sérieuse.

Ces qualités valaient la peine d’être entretenues au quotidien ; vous verrez qu’elle en aura besoin dans sa vie future.

Retraite Métanoïa


Avant de passer à la seconde partie de cette belle vie consacrée à l’expérience vécue au couvent et avec le Christ Lui-même, j’aimerais citer ce beau texte de Saint-Paul Apôtre aux Hébreux chap. 2, 14-18 afin de faire un lien avec ce qui avait été vécu.

« Puisque les hommes ont tous une nature de chair et de sang, Jésus a voulu partager cette condition humaine : aussi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort c’est-à-dire le diable, et, il a rendu libres ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. Car ceux qu’il vient d’aider, ce ne sont pas les anges ce sont Abraham. Il lui fallait donc devenir en tout semblable à ses frères, pour être, dans leur relation avec Dieu, un grand prêtre compatissant et fidèle capable d’enlever les péchés du peuple. Ayant souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l’épreuve ».

Si Jésus a partagé la condition humaine, c’est parce qu’il fallait qu’il touche l’humanité du bout des doigts afin de pouvoir porter secours à tous ceux qui subissent l’épreuve.

Une vie n’est pas seulement faite de difficultés, mais elle a aussi de bons côtés. Les moments difficiles permettent quelques fois de chercher davantage Dieu qui est le maître de l’univers. Et les bons moments permettent de vivre dans la foi, l’espérance et la persévérance.

Elle avait 19 ans lorsqu’elle ressentit au fond d’elle l’appel de Dieu. Elle étudiait à l’université, en faculté de droit. Repartie pour des vacances dans sa famille cette année-là, elle décida d’effectuer une retraite (Métanoïa) qu’elle avait prévue depuis deux ans. Le Seigneur aurait donc voulu qu’elle la fasse cette année-là puisqu’il avait un plan à réaliser dans sa vie.

La retraite se déroulait dans la ville de Dolisie. Et comme par hasard, il s’agissait de sa ville natale. Théthé y était est née et y avait vécu un an, vu que ses parents y avaient habité pour répondre aux obligations professionnelles. Cela se manifesta comme un retour aux sources.

Ce moment de repli sur soi dura trois jours, durant lesquels Dieu se montra dans sa vie. Elle fut touchée, secouée et bousculée par cette présence invisible. Sa vie prenait à cet instant-là un tournant décisif. « La balle est dans mon camp », songeait-elle. Il faut donc s’incliner.

Au cours de la retraite, chaque jeune devait être accompagné par un père spirituel qui avait pour mission de les aider à discerner des situations dont ils voulaient avoir des réponses. Théthé ressentit l’appel de Dieu en elle comme un coup de foudre. Elle eut du mal à résister aux secousses que cela engendra dans son cœur. Elle était perdue, déboussolée, et, n’ayant aucune idée de ce qui lui arrivait, elle pensait : «...